Premières minutes du film, la science-fiction montre le bout de son nez. Snowpiercer commence. Pour arrêter le processus du réchauffement climatique, certains pays ont répandu dans le ciel une substance chimique mal contrôlée, qui a provoqué une aire glaciaire mortelle pour la majorité de l'humanité. Une poignée de survivants s'est installé à bord du Snowpiercer, un train condamné à tourner autour du globe, sans jamais s'arrêter... Le déroulement du scénario est plutôt construit comme dans un film d'action. Le héros a un but à atteindre et son trajet va être perturbé par toute une série d'obstacles diverses. Curtis, habitant de l'arrière du train, veut prendre le contrôle de la Machine, qui maintient le train en marche, et tuer son constructeur, Wilson, pour rétablir l'égalité dans le train. Il est aidé par plusieurs autres « prolétaires ».
Première originalité : un voyage en train. L'espace est tout en longueur, les images aussi. Le mouvement perpétuel du train est mis en doute lorsque des blocs de glace bloquent les rails. Mis à part ces quelques caractéristiques, le train en lui-même n'est pas un élément important des séquences. En revanche, les différents compartiments matérialisent les différentes étapes vers l'avant. Ils forment chacun un univers, plus ou moins hostile. En cela, le réalisateur s'écarte de la dynamique classique du film d'action. Certains wagons sont peuplés par de simples occupants du train, riches, mais qui ne montrent pas d'intérêt particulier à ces étranges visiteurs.
Tant que les héros sont de passage et qu'ils ne rencontrent pas les sbires de Wilson, ils sont tranquilles. Tout n'est donc pas difficile, leur courage n'est pas à toute épreuve et les pertes sont nombreuses. La fin est pourtant décevante et prévisible, sans que le mécanisme soit déjoué. Il y a bien sûr le discours du grand sage qui explique le sens de la vie et qui fait la moral au héros. Les apparences trompeuses se dévoilent à cette occasion, sans que cela apporte un sens particulier au film.
Puis, dans les dernières minutes, un second héros apparaît. Une seconde révolution était à l'œuvre, plus subversive et moins attendue peut-être puisqu'elle pose un jugement sur cet extérieur, qui semblait pourtant condamné pour toujours. Nam est celui qui a conçu toutes les portes du train. Il est libéré de sa prison par Curtis et les autres habitants du fond du train. Il doit les aider à avancer vers la Machine, ce qu'il fait volontiers en échange de drogue pour lui et sa fille. Il est plus conscient qu'il n'y paraît au début et se révèle véritablement ambivalent. Un anti-héros qui porte quand même un idéal, celui d'un futur hors du train, incarnée par sa fille, née dans le train. Curtis n'est pas, quant à lui, un personnage complexe. Il est un peu plus noir que les héros hollywoodiens, pas seulement parce qu'il est tout le temps sombre et déprimé. Il affiche une part de mystère et est rongé par la culpabilité. Mais il reste assez lisse, emporté par ce destin qu'on lui impose à son insu. C'est peut-être cet entre-deux qui fait la force du film.
Première originalité : un voyage en train. L'espace est tout en longueur, les images aussi. Le mouvement perpétuel du train est mis en doute lorsque des blocs de glace bloquent les rails. Mis à part ces quelques caractéristiques, le train en lui-même n'est pas un élément important des séquences. En revanche, les différents compartiments matérialisent les différentes étapes vers l'avant. Ils forment chacun un univers, plus ou moins hostile. En cela, le réalisateur s'écarte de la dynamique classique du film d'action. Certains wagons sont peuplés par de simples occupants du train, riches, mais qui ne montrent pas d'intérêt particulier à ces étranges visiteurs.
Tant que les héros sont de passage et qu'ils ne rencontrent pas les sbires de Wilson, ils sont tranquilles. Tout n'est donc pas difficile, leur courage n'est pas à toute épreuve et les pertes sont nombreuses. La fin est pourtant décevante et prévisible, sans que le mécanisme soit déjoué. Il y a bien sûr le discours du grand sage qui explique le sens de la vie et qui fait la moral au héros. Les apparences trompeuses se dévoilent à cette occasion, sans que cela apporte un sens particulier au film.
Puis, dans les dernières minutes, un second héros apparaît. Une seconde révolution était à l'œuvre, plus subversive et moins attendue peut-être puisqu'elle pose un jugement sur cet extérieur, qui semblait pourtant condamné pour toujours. Nam est celui qui a conçu toutes les portes du train. Il est libéré de sa prison par Curtis et les autres habitants du fond du train. Il doit les aider à avancer vers la Machine, ce qu'il fait volontiers en échange de drogue pour lui et sa fille. Il est plus conscient qu'il n'y paraît au début et se révèle véritablement ambivalent. Un anti-héros qui porte quand même un idéal, celui d'un futur hors du train, incarnée par sa fille, née dans le train. Curtis n'est pas, quant à lui, un personnage complexe. Il est un peu plus noir que les héros hollywoodiens, pas seulement parce qu'il est tout le temps sombre et déprimé. Il affiche une part de mystère et est rongé par la culpabilité. Mais il reste assez lisse, emporté par ce destin qu'on lui impose à son insu. C'est peut-être cet entre-deux qui fait la force du film.
De la violence et des enfants
Photo extraite du film
La principale source d'innovation du film réside ailleurs. Si on le compare aux films d'action ou aux films de science-fiction que nous avons l'habitude voir, le traitement de la violence est sans aucun doute un élément clé du film de Bong Joon Ho. Elle est montrée de façon crue et brutale dans plusieurs séquences. La violence n'est pas seulement employée contre un groupe d'individus qui tombent sans que l'on s'en aperçoive. Bien sûr, il y a des scènes de violence collective, mais elle est aussi donnée à voir contre des personnages individualisés auxquels nous nous sommes attachés ou que nous pouvons reconnaître.
Les scènes violentes sont par ailleurs esthétisées, mais une grande majorité restent quelque peu traumatisantes. L'influence du jeu vidéo est ici palpable et assumée. Une séquence dans le noir se fait en vue subjective (la caméra se comporte comme les yeux d'un des tueurs à la solde de Wilson), à travers des lunettes infrarouge. Une hache, des hommes abattus et une marche à moitié aveugle. Cette scène n'est pas pour autant la plus violente. Lorsqu'on la compare aux autres scènes et à la « vraie » vision qu'on nous en donne, elle est très impersonnelle et froide. Les ralentis et les nombreux jeux de regards des autres séquences donnent beaucoup plus de puissance à cette violence sauvage. Les deux types de scènes sont réussis et la cohésion de l'ensemble est parfaitement maîtrisée.
Moins visuel maintenant, mais plutôt original dans cette fiction : les enfants. La présence des enfants traverse tout le film, sans pour autant qu'un seul d'entre eux soit un personnage principal. Des bébés en guise de repas, des enfants capturés et emmenés à l'avant du train, l'un des compartiments est une salle de classe où une maîtresse enceinte apprend, à des filles et des garçons intenables, à glorifier Wilson, plusieurs couples parents/enfants structurent le film... Un thème qui permet peut-être de dramatiser l'histoire et en même temps de lui donner un côté humoristique.
Mason, agent de Wilson incarné par l'extraordinaire Tilda Swilton, traite au début les passagers de l'arrière comme des enfants qu'il faut éduquer et châtier lorsqu'ils font des bêtises. C'est un personnage grotesque et terrifiant qui offre quelques moments de rire grâce au mécanisme du ridicule.
Ces deux principes structurants forment un film qui fonctionne très bien, en dehors de la logique révolutionnaire perçue comme naturelle mais vide d'un sens précis. Cependant, le film ne parvient pas à s'extraire du genre trop codifié dans lequel il est ancré. Peut-être une stratégie commerciale, mais le côté expérimental de la science-fiction est trop laissé de côté au profit d'une mécanique de divertissement qui ne satisfait pourtant pas entièrement le spectateur.
Les scènes violentes sont par ailleurs esthétisées, mais une grande majorité restent quelque peu traumatisantes. L'influence du jeu vidéo est ici palpable et assumée. Une séquence dans le noir se fait en vue subjective (la caméra se comporte comme les yeux d'un des tueurs à la solde de Wilson), à travers des lunettes infrarouge. Une hache, des hommes abattus et une marche à moitié aveugle. Cette scène n'est pas pour autant la plus violente. Lorsqu'on la compare aux autres scènes et à la « vraie » vision qu'on nous en donne, elle est très impersonnelle et froide. Les ralentis et les nombreux jeux de regards des autres séquences donnent beaucoup plus de puissance à cette violence sauvage. Les deux types de scènes sont réussis et la cohésion de l'ensemble est parfaitement maîtrisée.
Moins visuel maintenant, mais plutôt original dans cette fiction : les enfants. La présence des enfants traverse tout le film, sans pour autant qu'un seul d'entre eux soit un personnage principal. Des bébés en guise de repas, des enfants capturés et emmenés à l'avant du train, l'un des compartiments est une salle de classe où une maîtresse enceinte apprend, à des filles et des garçons intenables, à glorifier Wilson, plusieurs couples parents/enfants structurent le film... Un thème qui permet peut-être de dramatiser l'histoire et en même temps de lui donner un côté humoristique.
Mason, agent de Wilson incarné par l'extraordinaire Tilda Swilton, traite au début les passagers de l'arrière comme des enfants qu'il faut éduquer et châtier lorsqu'ils font des bêtises. C'est un personnage grotesque et terrifiant qui offre quelques moments de rire grâce au mécanisme du ridicule.
Ces deux principes structurants forment un film qui fonctionne très bien, en dehors de la logique révolutionnaire perçue comme naturelle mais vide d'un sens précis. Cependant, le film ne parvient pas à s'extraire du genre trop codifié dans lequel il est ancré. Peut-être une stratégie commerciale, mais le côté expérimental de la science-fiction est trop laissé de côté au profit d'une mécanique de divertissement qui ne satisfait pourtant pas entièrement le spectateur.